Références artistiques du Clown Alfonso

Ambiance

Un échassier aux allures clownesques de l’Ecole du cirque de Bruxelles qui caresse le crâne dégarni du président du Sénat Danny Pieters comme s’il polissait une boule de billard avant de faire passer Didier Reynders, un brin surpris entre ses jambes. Pendant ce temps-là, un groupe folk confère à large renfort de décibels une couleur très irlandaise à ces scènes inédites. Il flottait comme un doux vent de folie, lundi après-midi dans le péristyle du Palais de la Nation avant l’arrivée des enfants et beaux-enfants d’Albert II et Paola qui, contrairement à ce qui avait été annoncé, sont venus sans leur propre descendance pour la fête du Roi "new look" réservée pourtant par priorité aux plus jeunes, comme on l’a lu dans nos éditions de ce lundi.

Il est vrai qu’au royaume de Belgique on n’a plus congé pour la Fête du Roi ! Et que l’on soit des enfants de Princes ou de gueux, l’obligation scolaire, c’est sacré !

C’est donc un peu à titre d’exception que les gouverneurs de nos dix provinces et de la région de Bruxelles-Capitale ont pu faire venir au Parlement 300 jeunes de 9 à 11 ans. Faute de vrais petits princes, ces jeunes Belges d’origines multiculturelles diverses furent en quelque sorte les rois de la fête. Jusque dans l’hémicycle de la Chambre où ils siégèrent comme députés d’une heure entre des ministres et des parlementaires placés, une fois n’est pas coutume, aux extrémités de l’assemblée.

Après un joyeux tohu-bohu qu’un éminent parlementaire dont nous tairons le nom qualifia plutôt de "vrai bordel", les présidents de la Chambre et du Sénat, André Flahaut et Danny Pieters, soulignèrent tour à tour que l’heure est à la solidarité avec d’autres enfants moins heureux, en l’occurrence ceux d’Haïti et du Pakistan qui ont moins de chance que leurs alter ego de par ici.

Pour André Flahaut, c’en est fini d’"une cérémonie exclusivement protocolaire" pour fêter le Roi, place à un hommage aux enfants qui tombe d’autant mieux que "l’on est à cinq jours du 20 novembre, à la fois jour du 51e anniversaire de la Déclaration des droits de l’enfant et 21e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant".

Danny Pieters insista lui aussi sur la dimension solidaire, ce qui expliqua aussi le lien établi avec l’Unicef dont le président Christian Wiener allait recevoir un chèque de 30 000 euros qui sera partagé entre des projets haïtiens et pakistanais de l’organisation humanitaire, à la grande joie des ambassadeurs de ces deux pays marqués par les caprices de la nature depuis le début de cette année et présents dans l’assemblée.

Les deux présidents étaient visiblement tellement pris par leur sujet qu’ils en oublièrent de souhaiter une bonne fête au Roi ! Mais qu’à cela ne tienne, le Premier ministre Yves Leterme veillait au grain et répara cette lacune pas très protocolaire non sans rappeler que "la monarchie restait une heureuse balise de la continuité belge". Le "patron" du gouvernement fédéral rendit aussi hommage aux victimes des inondations, rejoignant en quelque sorte en pensée le prince Philippe qui avait "brossé" la fête pour aller à la rencontre des victimes brabançonnes flamandes et wallonnes sur lesquels le ciel est vraiment tombé sur la tête ce week-end.

Avant de laisser les jeunes invités s’égailler dans les salons du Parlement pour suivre des spectacles de mime, de magie et d’ombres, la partie officielle de cette "Fête du Roi" décoiffante fut clôturée par une Brabançonne interprétée au violon par Lorcan Fahy des Jeunesses musicales. Une version pleine de fraîcheur même si les experts y ont noté une petite fausse note mais soyons de bon compte : au Parlement, on en entend souvent d’autres moins juvéniles

Clown, un sérieux travail

Bantigny vous connaissez? Rassurez-vous, nous non plus... en tout cas jusque samedi dernier. Car c’est dans cette petite bourgade de moins de 500 habitants dans le Nord-Pas-de-Calais, près de Cambrai, que Jean-Marc De Greef, alias le clown Alfonso, nous a emmenés pour assister à son spectacle, “ La Fête ”.

Après une petite heure de trajet, nous arrivons dans une petite salle des fêtes moderne et... vide: “ J’arrive toujours une heure à l’avance pour avoir bien le temps de me préparer. Mais aussi de régler les questions administratives. ”

Vers 14 heures, les petites têtes blondes déguisées envahissent la salle. Il est temps de se préparer: “ Il faut compter une demi-heure, grand maximum. Le grimage d’Alfonso est très limité parce que le déguisement, c’est juste une référence. Ce n’est pas le costume qui fait le clown mais le public a certaines habitudes. L’autre raison, c’est que je ne suis pas très doué en maquillage. ”

Même s’il ne le laisse pas paraître, la pression monte: “ Certains se concentrent pour entrer dans leur personnage. Moi, je marche tout le long de la scène, je parle, je rigole. C’est aussi une manière de me décontracter. ”

Mais Jean-Marc n’est pas seulement traqueur, il est aussi distrait. Alors qu’il s’est déjà entièrement habillé, il s’aperçoit qu’il a oublié son maquillage dans la voiture! Après 3 bonnes minutes à la recherche de ses clés, nous lui offrons un petit coup de main en allant récupérer son matériel dans son véhicule... qu’il a laissé ouvert: “ C’est mon seul défaut d’artiste. Je suis plutôt quelqu’un de terre à terre en général. Je ne bois jamais, ne fume pas et suis toujours à l’heure. ”

Commence alors le spectacle. Le clown Alfonso est la mauvaise foi incarnée. Tout au long de sa prestation, qui tourne autour des grandes fêtes enfantines, il tente de faire prendre des vessies pour des lanternes, ou des valises pour des chaises, à tous les enfants qui se font un plaisir de le tourner en ridicule. Un spectacle interactif emprunt de cette touche de folie douce qui fait le charme de la Belgique. Durant les 3 quarts d’heure qu’Alfonso passera sur scène, le spectateur adulte s’amusera presque autant que les enfants, notamment grâce à ses expressions très exagérées qui rappellent par moments le regretté Elie Kakou.

Et puis le rideau retombe. C’est alors la course qui commence car Alfonso a une autre prestation prévue, à Haine-Saint-Paul. Du coup, pas le temps de se changer. Ce sera donc un clown qui nous raccompagnera à La Louvière. Rien de tel pour clôturer une après-midi bien surréaliste.